Malédiction de la Panthère rose. Toulouse Lautrec, Marlon Brando, Long John Silver. 7/10

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Il y a tellement de films sur la « Panthère rose », qu’on s’y perd aisément. D’autant plus qu’il n’y a pas plus de Panthère rose stricto sensu (le diamant) que de beurre au zinzin après le premier opus. Reste l’inoubliable scie musicale du générique de Henry Mancini.

La Malédiction de la Panthère rose est celui que je cherche le plus souvent et le plus obstinément. Mais je me perds dans les dénominations.

Déjà il faut éliminer tout ce que n’a pas fait Peter Sellers comme pour ces abominables interprétations de Steve Martin. Ne reste alors que La Panthère rose, Quand l’inspecteur s’emmêle, Le Retour de la Panthère rose, Quand la Panthère rose s’emmêle, La Malédiction de la Panthère rose (1978), À la recherche de la Panthère rose… stop c’est l’avant dernier ! Deux ans avant la mort de Sellers (1980)

L’ayant vu 100 fois, je tente la version anglaise. Notre très français Jacques Clouseau y baragouine dans une langue frelatée de Shakespeare, avec un fort accent hexagonal. On est donc d’emblée dans le « curieux ».

Un Anglais qui joue au Français pour un spectateur Français qui l’écoute en anglais. Mais ce n’est pas déplaisant. Voici l’occasion de se rendre compte que le texte a bien moins d’importance que la judicieuse pantomime et l’habile frégolisme.

Soit, il faut bien l’admettre, les anglo-saxons se moquent ouvertement de nous. Et ça y va des clichés. Avec un Clouseau en compétition avec Hercule Poirot (mais il est Belge!) pour le titre de meilleur limier de France. On nous gratifie de l’inévitable allusion à notre « fierté » nationale, la French Connection. Et ce malade d’Herbert Lom, en inspecteur principal Charles Dreyfus, qui se rend à Hong-Kong en béret basque. On peut aussi compter sur la deuxième remise de médaille nationale avec tous les honneurs, qui rappelle à l’évidence celle de la réhabilitation du Capitaine Alfred Dreyfus. Encore un de nos mythes dévoyés. Mais qui s’en plaindrait ? Même la bombe dans la boutique de costumes est ridicule, comme si la France devait être associée aux retards technologiques.

Alors pourquoi y reviens-je ?

Principalement pour la plus merveilleuse satire de notre patrimoine national, avec ce Peter Sellers déguisé en Toulouse-Lautrec. C’est mon phare, c’est ce qui m’indique que je suis tombé sur le bon épisode.

Et puis, il y a cette bouffonnerie visant un mafieux obèse, en costume de proxénète, et avec des joues gonflées par d’ostensibles prothèses buccales. On a compris, il se moque ouvertement de Marlon Brando dans le Parrain (film).

Dans la même veine on peut citer ce déguisement de vieux pirate en Long John Silver, qui perd sa jambe de bois sur les quais brumeux. C’est Orson Welles qui s’y colle dans le film L’Île au trésor de 1972 et c’est moins rigolo.

Et bien entendu on se doit de mentionner ce Peter Sellers travesti au bois de Boulogne. L’incorrigible nous montrera quasi le même déguisement pour notre mâle absolu Belmondo.

  • Et dire que les LGBT(de A à Z et !, @, #, $, %, ^, &, *) ne seront pas contents !

Autre morceau d’anthologie, l’éloge funèbre lors des funérailles de Clouseau avec un Herbert Lom commis d’office qui s’étrangle en débitant tant de contrevérités.

  • Ma foi, cela ne me déplairait pas qu’on en fasse autant pour mes funérailles. Mais il faut que le contre-texte soit bon et que l’acteur puisse nous faire un Charles Dreyfus convaincant. Je doute que ma paroisse permette cela à un mécréant farceur comme moi. Et puis finalement plutôt que de convoquer la Comédie française, on pourrait faire un scénario aussi drôle mais plus modeste devant quelques cendres disposé dans… un cendrier fumant.

Les courses poursuites avec Cato sont devenues extrêmes, un peu trop sans doute. Mais la transformation de l’appartement de Clouseau en maison des délices et des vices tarifés est assez bien réalisée. A l’époque on y allait vertement sur la critique humoristique des « jaunes ».

Dujardin a remis une sacrée couche avec ce monologue dans OSS 17 :

« Ah, j’espère que vous n’êtes pas trop désappointé, mais je n’ai pas pu tuer tous les chinetoques. Je sais que vous détestez tous ces bouffeurs de riz… C’est qu’ils sont récalcitrants ces faces de quetsche… Les tranches de pamplemousse… Robustes, les têtes de prune… Les cœurs d’ananas… Les rondelles de citron… Les bananes flambées avant qu’elles soient flambées ! Les bananes quoi ! Ah, je descend là. »

Bon, ce n’est sans doute pas un long-métrage parfait. La partie asiatique est assez plate. Et il y a un peu trop de chutes, façon burlesque muet, pour me satisfaire. On sent que le filon de la franchise tend à s’épuiser. La 2ch-batmobile est assez grotesque et les gags la concernant, façon le-corniaud, « Elle va marcher beaucoup moins bien forcément », tombent à côté.

Et puis la coproduction anglo-américaine a privilégié la très US Dyan Cannon pour le rôle de femme fatale. Elle n’a vraiment rien de français, ni même d’européen. Claudia Cardinale, Elke Sommer (en Maria Gambrelli), Catherine Schell, Lesley-Anne Down, c’était quand même autre chose !

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Mal%C3%A9diction_de_la_Panth%C3%A8re_rose

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Panth%C3%A8re_rose

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