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J’adore Jarmusch, notre réalisateur leptosome et forcément un brin schizoïde, comme le voudrait le biotypologue Kretschmer. Et lorsque je constate qu’il me reste un film de lui que je ne connais pas, je jappe d’avance.

Manque de bol, ce premier long-métrage n’est pas bon. On est loin encore de l’excellence de 1984 : stranger-than-paradise, ou en 1986 : down-by-the-law, ou en 1989 : mystery-train, ou en 1991 : night-on-earth, ou en 1995 : dead-man, et encore en 2003 : coffee-and-cigarettes, ou cet opus connu de 2005 : Broken Flowers, ou même un film que j’apprécie moins de 2013 : only-lovers-left-alive, ou enfin le génial travail de 2019 : the-dead-dont-die…

Ce Permanent Vacation de 1980 est un travail de jeunesse, très auto-centré et qui flatte l’égo, avec une complaisance pour le chaos et le délabrement.

On pourrait le ranger dans la mouvance tarkovski-realisateur-de-films-pour-adolescents-nombrilistes. Bref une daube très datée maintenant, mais qui à l’époque aurait pu passer pour transcendantale. De plus il est prétentieux et affecté, comme en témoigne le mésusage de Charlie Parker et les Chants de Maldoror de Lautréamont.

L’histoire est celle de l’absence d’histoire et de repères, d’un post adolescent new-yorkais qui passe son temps à fuir de néant en néant. Ce désœuvré joué par Chris Parker, finit par volé un véhicule pour se payer un voyage vers l’Europe ; autres lieux où il ne se passera rien. Son rôle tend vers l’insignifiance, ce qui est logique dans cette configuration mais ce qui est aussi un exercice des plus faciles. Un leptosome schizoïde lui aussi.

Le film n’a coûté que 12.000 dollars et ne vaut pas plus. Heureusement qu’il n’a pas coulé la vocation de Jarmusch. C’était tangent, vu que cette somme a été détournée par le réalisateur en herbe, pour réaliser ce film de la fin de son cursus. Il a été pris et puni.