Dans le cinéma des débuts, les stéréotypes homosexuels étaient franchement négatifs et moqueurs. Il est possible que cela ait contribué un peu plus à l’homophobie.
Par la suite, les représentations gays se sont voulues inoffensives et comiques. Il s’agissait de montrer qu’ils étaient efféminés, peu courageux et hypersensibles, mais pas dangereux (*). C’est comme cela dans le cinéma de Carné. Mais bien plus tard, La Cage aux folles était dans le même esprit. Et cela ne heurtait pas vraiment.
A noter une phase psychanalytique où l’homosexuel était essentiellement vu comme un petit être fragile, dépressif voire suicidaire.
D’aucuns pensent que ces attitudes offensantes de rejet étaient un bouclier destiné à rassurer les hétérosexuels. Encore faudrait-il qu’ils se sentent menacés.
Je ne suis pas trop dans cette conception qui limiterait cette gestion d’image, à un rapport de force, la peur de l’autre ou à la crainte d’une déferlante contagieuse. L’homosexualité n’est pas au centre des préoccupations de chacun. Elle reste méconnue et mal-comprise.
Le code Hayes, la psychiatrisation et les lois en vigueur, bridaient la vision qu’on pouvait s’en faire.
Vouloir en parler était déjà « suspect ». Les critiques de ce genre de films suggéraient qu’ils n’en étaient pas (je devrais faire de même?).
A partir des années 60 le mouvement a commencé à s’inverser.
On parlait moins en termes d’inverti, de lopette, de pédale, de pédé, de tante, de tafiole, de tantouze, de tata, de grande folle… la franche rigolade était mal vue.
Ce revirement a à voir avec les droits civiques et la défense des minorités. Certaines œuvres sont même devenues laudatives. On pourrait dire que l’homosexualité est devenue à la mode.
L’activisme a fait le reste. Au point que les films ont souvent cédé à une sorte de discrimination positive.
(*) L’homme était considéré comme actif et la femme comme passive.

https://cinej.pitt.edu/ojs/index.php/cinej/article/viewFile/177/511
https://journals.openedition.org/doublejeu/1570